COMMUNE URBAINE ANTANANARIVO
Les recettes confisquées par le Trésor
Le ministère des Finances vient de retenir les recettes de la mairie d'Antananarivo. Elles serviront à payer des dettes contractées depuis les années 80.
Un coup de massue pour la commune urbaine d'Antananarivo (CUA). La trésorerie municipale vient de retenir ses recettes équivalant à près d'Ar 880 millions.
Il y a quelques semaines, la trésorière municipale a informé la mairie de la CUA, par courrier, qu'elle se trouvait « astreinte à déduire sur vos (Mairie) fonds libres la somme de 878 776 235,40 ariary (...) ».
La lettre fait référence au « montant des prêts du fivondronam-pokontany d'Antananarivo-renivohitra », selon l'avis de l'Agence comptable centrale du trésor et de la dette publique. La même missive précise que la rétention répond à des dettes non acquittées par la mairie d'Antananarivo, qui remontent au début des années 80.
Reprendre à zéro
En mars, le ministère des Finances et du budget avait d'abord décidé de rattacher la caisse de la commune au trésor public, privant cette dernière d'une caisse autonome. Quatre mois plus tard, le même ministère décide de retenir les recettes municipales à titre de remboursement des prêts du fivondronam-pokontany d'Antananarivo renivohitra. La mairie d'Antananarivo n'a pas pu ainsi utiliser ses recettes de ces derniers mois.
Andry Rajoelina, maire d'Antananarivo, est injoignable. La mairie ne semble pas encore réagir face à la décision. Mais une source auprès de la commune ne cache pas sa déception.
« Avec la décision du ministère, la mairie va être obligée de tout reprendre à zéro. Comme par hasard, le montant de l'argent retenu correspond à peu près à celui du fonds libre de la commune », a-t-elle fait remarquer.
La même source, au courant du dossier, « n'écarte pas un coup politique pour acculer le maire » derrière la décision du gouvernement. « Je me demande pourquoi les autorités n'ont pas exigé ce remboursement à tous les maires précédents? », s'est-elle demandée. Elle évoque en même temps le principe selon lequel les dettes exigibles ne doivent pas remonter au delà de cinq ans.
Interrogé sur la question, Henri Bernard Razakariasa, secrétaire général du ministère des Finances et du budget, affirme « ne pas être au courant de la décision ». Néanmoins, il soutient que « toutes les dettes de l'Etat doivent être recouvrées ».
Sans entrer en profondeur, il indique en même temps que le principe de la non-exigibilité des dettes de plus de cinq ans ne s'applique pas d'une manière systématique. « Les situations peuvent être différentes d'un cas à un autre », précise-t-il.
Iloniaina Alain
Date : 21-08-2008
L'express de madagascar
