ITY NO TENA IZY KAMBOKO
LE PRESIDENT RAVALOMANANA, VICTIME DE SON SUCCES
SON TOMBEUR N’EST PAS ANDRY RAJOELINA MAIS LA FRANCE
Cette crise à Madagascar est en fait une guerre entre deux cultures politiques incompatibles. La première est celle de ceux du groupement qui se décrit comme étant l'opposition. La seconde, celle de Ravalomanana.
Les membres de l'opposition sont en fait des personnes qui se disent déçues par Ravalomanana, ou bien qui lui en veulent pour toutes sortes de raisons (par exemple concurrence dans les business, des proches de l'ancien régime habitués à des régimes de faveurs … ), des anciens hauts responsables limogés … etc.
Pour comprendre cette crise, il faut remonter rapidement jusqu'en mars 1947. Un mouvement nationaliste est parvenu à inquiéter sérieusement l'administration coloniale de l'époque. Cette dernière s'est appuyée sur un groupe appelé PADESM pour lutter contre les groupements nationalistes dirigés par le MDRM. Tous les dirigeants de Madagascar avant l'actuel Président Ravalomanana, étaient tous issus du PADESM, et avaient de grandes affinités avec l'administration française.
Ravalomanana a mis fin brutalement à cet "ordre naturel" des choses en battant contre toute attente Didier Ratsiraka, le favori de la France, au premier tour de scrutin lors des présidentielles de 2002.
Ravalomanana a ouvert Madagascar sur le monde non-francophone en encourageant la venue en masse d'investissements venus du continent Nord-Américain, de la Chine … Ravalomanana a imposé sa propre stratégie de développement et de gestion des aides afférentes à la coopération. Son staff impose les actions à entreprendre dans la mise en œuvre des programmes. Sous ses prédécesseurs, on se contentait d'être par exemple de bons élèves du FMI.
Ravalomanana a imposé une nouvelle culture axée sur les résultats. Ainsi, un haut responsable (un ministre, SG, DG ainsi que tout autre haut fonctionnaire … ) peut être remercié du jour au lendemain suite à des résultats jugé insatisfaisant. Ce qui était impensable du temps de ces prédécesseurs. En fait, les nominations aux hauts emplois de l'État étaient des récompenses pour bons et loyaux services rendus, ou se monnayaient tout simplement.
Dans son premier mandat, Ravalomanana a entrepris des gros efforts dans la réhabilitation d'infrastructures, secteur négligé par ses prédécesseurs.
De plus, dans son second mandat, Ravalomanana impose son propre programme de développement, baptisé le Madagascar Action Plan. Il a entrepris de grosses actions marketings, compte-tenu des immenses besoins financiers du programme.
Ce qui lui a décidé de faire l'acquisition de son fameux Boeing BBJ, qui lui a attiré les foudres des opposants. Il a réussi à intéresser certains investisseurs canadiens, chinois et américains. C'est ainsi que les canadiens ont ouvert une deuxième grande exploitation minière avec Sheritt et SNC-Lavalin sur la Côte Est, en plus de celle de Rio Tinto dans le Sud-Est. A partir de 2006, Madagascar Oil (avec des capitaux anglo-saxons: américains, australiens … et des savoir-faire américains et canadiens), annonce la possibilité de l'exploitation des gisements du Sud-Ouest de Madagascar (le gisement de Bemolanga par exemple est estimé à 16 millions de barils).
Ravalomanana a réussi aussi des coups spectaculaires sur le plan international. Par exemple, il a réussi à arracher au Congo la tenue du prochain sommet de la francophonie. Il a réussi à se faire attribuer l'organisation du prochain sommet de l'OUA. Bref, malgré le fait qu'il soit présenté comme une personne très peu instruit, celui que les medias français aiment qualifier de "piètre francophone" a joui quand même d'une grande notoriété sur le plan international.
Par contre, malgré toutes ces qualités et ses réussites, l'équipe Ravalomanana présente de graves lacunes en termes de communication. Par exemple, son équipe n'a jamais réussi à mettre une stratégie de communication et de sensibilisation efficaces pour impliquer les malgaches à son plan de développement. Certes, des gros efforts ont été entrepris dans le domaine de la formation des élus et responsables. Mais c'était loin d'être suffisant. En effet, pour mener à bien la mise en œuvre du MAP, il fallait amener les malgaches du stade de simples exécutants au stade de personnes responsables dotées d'initiative. Ce qui aurait demandé encore beaucoup plus d'efforts, notamment sur le plan communication.
Et, justement, ces lacunes ont été bien mises à profit par les opposants actuels, qui n'ont aucune difficulté à persuader leurs sympathisants que le régime Ravalomanana n'est qu'un ensemble de fiascos et de non-réussites et, responsable de tous les maux. D'autant plus que le régime Ravalomanana n'a pas entrepris d'efforts suffisants pour percer dans les médias francophones, surtout françaises. Sur ce plan, la désinformation des opposants lui a porté un coup très dur. De, plus, le fait d'avoir mis l'anglais comme langue officielle n'a pas amélioré ses relations avec la France, qui, doit faire avec la défection des pays francophones vers l'anglais (ex. Viêt-Nam, Cameroun).
Jusqu'à date, malgré ses lacunes et ses défauts, Ravalomanana est le seul, et, probablement l'un des rares leaders des Pays en Voie de Développement, à avoir manifesté une réelle volonté dans la développement de son pays. Il a réussi là où tous ses prédécesseurs ont échoué. C'est ce que ses opposants ne lui semblent pas pardonner
