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Ravalomanana fait semblant de dialoguer pour gagner du temps…
La réunion de négociation entre Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, tenue sous l’égide de quatre médiateurs issus des Eglises, a tourné court ce soir dans des conditions révélatrices de la duplicité du pouvoir sortant.
Au début de la réunion, Marc Ravalomanana a en effet exposé les conditions qu’il pose comme préalables à toute discussion, à savoir notamment l’organisation du sommet de l’Union Africaine, la poursuite du MAP et… – incroyable mais vrai – la mise en place d’une commission d’enquête indépendante sur le massacre du 7 février dernier !! Au comble de la schizophrénie ou plutôt du cynisme, Marc Ravalomanana s’est même autorisé quelques commentaires sur la question de la sécurité personnelle d’Andry Rajoelina…
Ayant pris acte de ces conditions, Andry Rajoelina a commencé à exposer ses propres préalables mais n’a pas eu le temps de terminer son propos :
1. Abrogation de l’arrêté ayant nommé la Délégation Spéciale Antananarivo
2. Donner un temps d’accès équitable aux médias nationaux (TV et radio)
3. Libérer les prisonniers politiques dont M. Ranjivason
4. Démission du gouvernement actuel et gestion des affaires courantes.
A la grande consternation de l’opposition, Marc Ravalomanana a refusé d’écouter Andry et a quitté la réunion dès l’énoncé de la 3ème condition… donc sans entendre la 4ème condition pourtant déterminante pour sortir de la crise ! Cette attitude insultante de Ravalomanana a immédiatement amené Andry Rajoelina à préciser aux médiateurs de la réunion (dans l’ensemble plutôt complaisants à l’égard de Ravalomanana, à l’exception du représentant de l’Eglise Catholique) qu’il n’entend pas signer le procès-verbal d’un « dialogue » à sens unique et inachevé.
Il est clair maintenant que, comme en 2002, la pseudo-volonté de dialogue de Marc Ravalomanana est exclusivement destinée à gagner du temps et à lui permettre de rétablir un rapport de forces à son avantage. Les faits les plus récents en témoignent :
• D’une part, la population constate que Marc Ravalomanana a récemment fait rentrer des armes au pays et met en place une véritable politique de la terreur dans les quartiers, en organisant désormais des milices armées ;
• D’autre part, on observe aussi que Marc Ravalomanana tente de prendre l’opposition de court en décidant lui-même de dissoudre son gouvernement actuel, tout en prenant différents contacts dans le clan des opposants. Sa stratégie est de monter de toutes pièces une nouvelle équipe avec les quelques opposants qu’il peut « acheter »… le but étant de donner l’illusion d’un gouvernement d’union nationale !
Suivant les recommandations unanimes des cercles internationaux, nous avons laissé une chance au vrai dialogue mais, à présent, la coupe est plus que pleine : les faux-semblants du pouvoir en place et la poursuite des pseudo négociations ne font que mettre un peu plus en péril, chaque jour, les intérêts légitimes des Malgaches et la démocratie.
Nous craignons que toute perspective d’une issue raisonnée du conflit ait totalement disparu ce soir et laisse le champ libre à une confrontation brutale entre les deux camps, au grand malheur de tous les Malgaches. L’opposition n’a d’autre choix que de prendre ses responsabilités et de protéger le pays et le peuple des derniers soubresauts, et donc les plus dangereux, du régime dictatorial de Ravalomanana.
Nous engageons vivement l’opinion internationale et notamment l’OUA à intervenir de toute urgence et de manière très énergique pour préserver la démocratie à Madagascar et faire entendre raison à Marc Ravalomanana, dont le pouvoir est irrévocablement rejeté par le peuple.
