par Bethsabée Salem - En Italie, on assiste à une campagne de choc contre le projet de loi sur le Dico, le Pacs italien. Après la manifestation du 12 mars dernier pour la reconnaissance des couples de fait, des associations catholiques ont répliqué en annonçant un « Family Day » le 12 mai prochain. La contre-offensive ne faisait que commencer.
À l’occasion des fêtes pascales, les prêtres se feront postiers et distribueront aux familles romaines des prospectus pour défendre la famille. Un dépliant coloré –rien de tel qu’un peu de fantaisie pour attirer l’attention – et un texte intitulé « Famille et société », signé par l’archevêque de la ville de Florence. Pas de publicité diffamatoire : les quatre lettres du mot « Dico » y sont invisibles. À moins de savoir lire entre les lignes. En effet, le cardinal Antonelli y écrit qu’il « n’est pas juste » que les couples de fait ou homosexuels « aient les mêmes droits que la famille alors qu’ils n’ont pas les mêmes devoirs ». Dans une stratégie qui vise à toucher le plus grand nombre, l’Eglise n’hésite pas à élargir sa cible, invitant aussi les laïcs à prendre connaissance dudit document.
Pour ratisser large, rien de tel que de s’adresser directement aux députés et à leur éventuelle conscience religieuse. Ainsi, le mois dernier, Mgr Bagnasco, le président de la Conférence des Evêques italiens, demande clairement aux parlementaires catholiques de ne pas être « incohérents »… et de voter « non » au Dico. Parce que « la légalisation des couples de fait est inacceptable par principe, dangereuse sur le plan social et éducatif et aurait des effets néfastes sur la famille ». Comme le relève alors la presse de la péninsule, un véritable appel à l’obédience. Derrière le coup médiatique, rien de nouveau. Les slogans rappellent un document signé par le cardinal Ratzinger en 2003, soit avant qu’il ne devienne pape, selon lequel c’est un « devoir moral » pour le parlementaire catholique de voter contre un projet de loi pour la reconnaissance légale des unions homosexuelles ; le point du projet de loi qui gêne véritablement l’Eglise. Un indice, le 31 mars dernier, Mgr Bagnasco se glisse à nouveau dans les tubes cathodiques pour avoir déclaré : « si le seul critère devient l’opinion générale pourquoi dire non (…) à la légalisation de l’inceste ou à la pédophilie entre personnes consentantes ? »
Les réactions se font à leur tour plus explicites. Comme celle du parlementaire Franco Grillini, accessoirement président de l’association Arcigay, qui propose alors à l’Eglise de « faire le ménage devant sa porte avant de dire des sottises et de faire des comparaisons inopportunes ».
Inopportunes aussi en terme de marketing. Bien que majoritairement catholiques, les Italiens sont en majorité « contre » cette ingérence de l’Eglise qu’ils jugent excessive. Peut-on parler de diktat de l’Eglise dans la Péninsule ? Selon un sondage réalisé pour le quotidien La Repubblica, 6 Italiens sur 10 répondent par l’affirmative, comme 44% des Catholiques se rendant assidûment à la messe tous les dimanches.
Source : Marianne
