Les étudiants Sénégalais décident de bouder et d'éviter de plus en plus la France !

1. hasina34 ( 14/06/2019 16:45)
La fin du rêve français pour les étudiants sénégalais

Quand ils partent étudier à l’étranger, les jeunes Sénégalais choisissent encore majoritairement la France. Mais d’autres destinations les séduisent de plus en plus, de la Chine aux Etats-Unis.
À 18 ans, Mame a dû faire un choix. La jeune femme, alors bachelière, avait décroché deux bourses d’excellence : une pour la France, l’autre pour le Canada. « J’ai fini par choisir Paris, sans doute pour son côté romantique, explique-t-elle. J’ai toujours idéalisé cette ville, que je n’avais vue que dans les films. » Dix ans plus tard, en 2017, ils sont 103 jeunes Sénégalais à recevoir la même bourse des mains de l’ambassadeur de France, dont plus de 20 pour des doctorats et 33 pour des stages. L’opportunité d’aller étudier à Paris, Bordeaux ou encore Lille. Durant la précédente année universitaire, 9 407 étudiants sénégalais ont suivi les cours dans les amphis français. Mais la France fait de moins en moins rêver. Elle devient une option parmi d’autres, comme le souligne dans son rapport annuel Campus France, un organisme chargé de promouvoir l’enseignement français à l’étranger. Parmi les concurrents offensifs sur le marché de l’enseignement supérieur : les Etats-Unis et le Canada, qui ont accueilli plus de 600 étudiants sénégalais à la rentrée 2016.
Une offre de formations de plus en plus importante
Aujourd’hui, le choix de la France ne semble plus s’imposer de lui-même. A 17 ans, Aissatou passe le bac cette année. Elle hésite entre les Etats-Unis et le Canada, « pour l’anglais, car c’est un atout important ». Louis, lycéen en première dans un grand lycée dakarois, est aussi en pleine réflexion. Il veut étudier l’informatique. Pour lui, la qualité de la formation reste le critère principal. « Je ne fais pas une fixation sur la France, prévient-il. Je pense plus à la Chine. » Nouveau venu sur le marché de l’enseignement supérieur, le géant asiatique use de stratégies de communication pour attirer les étudiants africains. Les chiffres relatifs aux mobilités estudiantines dans ce pays ne sont pas communiqués, néanmoins l’organisme Campus France constate « une très nette progression ». Autre option qui s’offre aux étudiants sénégalais : rester. C’est ce qu’a fait Sophie(*), étudiante en classe prépa à Dakar. La jeune fille vise un des établissements français de la capitale, comme la Kedge Business School, qui lui permettrait de passer un semestre seulement à Bordeaux.
« Le Pen au second tour, ça a freiné mes envies »
La France peine à séduire les jeunes Sénégalais. Certes, elle demeure la première destination. En moyenne, 6 étudiants sénégalais partant à l’étranger sur 10 choisissent une ville française. Cependant, entre 2010 et 2015, leur nombre a diminué de 20 %. Une tendance qui s’observe de manière plus générale chez tous étudiants africains. Premier problème : le coût de la vie. « Pour moi, mes années étudiantes ont été plus faciles puisque j’avais une bourse, mais tous les étudiants sénégalais que j’ai connus à Paris ont dû travailler en plus de leurs études », observe Mame. Aux inquiétudes financières s’ajoutent des inquiétudes sociales.
« La perception du pays est primordiale, analyse l’organisme Campus France. Depuis plusieurs années, la montée de l’extrême droite française inquiète les jeunes Africains qui veulent étudier à l’étranger. » L’argument revient effectivement dans les discours de ces jeunes. « Le Pen au second tour en 2017, ça a un peu freiné mes envies, mais les diplômes français sont très reconnus à l’international », reconnaît Cheikh(*), qui étudiera le droit à la Sorbonne l’an prochain. Cependant, le jeune homme de 19 ans craint de ne pas être bien accueilli en France. La circulaire Guéant du 31 mai 2011, qui restreignait l’accès à l’emploi pour les jeunes non ressortissants de l’Union Européenne ayant étudié en France, a laissé des traces, même six ans après son abrogation…
Partir pour mieux revenir ?
Qu’ils se décident pour les Etats-Unis, la Chine ou la France, les jeunes Sénégalais voient la mobilité estudiantine comme une expérience et un atout sur le CV, moins comme un départ définitif. « Si je veux apprendre le droit, c’est pour devenir avocat, pas en France mais au Sénégal ! », souligne Cheikh. De son côté, la bachelière Aissatou affirme : « Partir, c’est mieux revenir. On part pour acquérir des connaissances, des savoirs, qui servent au développement de notre pays. » Une forme de patriotisme que partagent bon nombre de jeunes Sénégalais partant étudier dans une université étrangère. Toutefois, l’on ne sait jamais ce que le destin nous réserve. Mame pensait, elle aussi, revenir au Sénégal après sa première expérience professionnelle en France. Elle n’est pas revenue. « Finalement, j’ai eu des opportunités intéressantes. Et puis, j’ai rencontré mon mari, relate-t-elle. Je continue même de bouger : l’année prochaine, on quitte la France, mais pas pour le Sénégal. Pour nous, direction les Etats-Unis ! »


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