Point de vue : Un peu de sérieux svp !!!
Madagascar sortira-t-elle un jour de cette crise ? A l’allure où vont les choses, le doute est permis. Certes, la feuille de route a été signée et la reconnaissance internationale est en de très bonne voie, à entendre certaines déclarations… des tenants du pouvoir.
Mais nous sommes encore loin de la coupe aux lèvres. Jugez-en plutôt. Dès lundi, à la surprise générale, la ministre de la Justice annonce que Marc Ravalomanana, l’ancien Président, est encore sous le coup de plusieurs condamnations et sera arrété à sa descente d’avion à Ivato. Et d’un. Et de deux, un Notam a été lancé à son encontre. Et de trois, qu’une délégation officielle composée de militaires et d’huissiers de justice fera le déplacement à Johannesburg pour récupérer l’ancien Président.
Un peu de sérieux svp. La feuille de route vient d’étre signée. Elle l’a été sous la férule d’une haute personnalité sud-africaine, laquelle a recommandé aux signataires de réfréner leur orgueil et de penser enfin à mettre fin à la crise. Celle-ci, qu’on le veuille ou non, ne se concrétisera qu’après le retour de « Dada » dans son pays. Sous certaines conditions, mais libre. Ce sont ces conditions qui devraient étre confiées à l’appréciation des tenants du pouvoir actuel. Jacob Zuma l’a dit : il ne livrera pas Marc Ravalomanana à la HAT. Jamais, le consulat sud-africain à Antananarivo ne délivrera les visas qui autoriseront les membres de la délégation malgache à se rendre en Afrique du Sud. Et la HAT le sait. Pourquoi donc insister ?
Pour beaucoup, la HAT veut plonger dans la brèche laissée ouverte par la SADC qui a laissé entendre que l’institution panafricaine ne s’ingère pas dans les affaires judiciaires d’un pays souverain. Mais le régime de facto s’y prend mal et ne sait pas trop comment procéder. Il délivre un Notam alors qu’il serait plus facile de « cueillir » Marc Ravalomanana à Ivato. Il annonce se rendre à Johannesburg alors qu’il sait pertinemment qu’aucun traité d’extradition ne lie les deux pays et que les militaires malgaches seront « désarmés » à leur arrivée dans la capitale sud-africaine. A moins de se livrer à un kidnapping, il leur sera difficile de mettre la main sur l’ancien Président.
Toutes ces gesticulations, pour les observateurs, ne sont que de la poudre aux yeux qui ne font pas honneur aux dirigeants malgaches. La reconnaissance internationale ne s’obtiendra que dans le strict respect de la feuille de route et de la volonté des malgaches de sortir une fois pour toute de la crise. Manifestement, nous nous trompons de voie. Pour ne pas dérailler, mettons-y un peu de sérieux.
