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\" Le \"fitampoha\" de la région Menabe, Un rite désormais immuable : le transport des reliques royales. \" :
Commencée le 26 août dernier, la célébration des rites du \"Fitampoha\" ou Bain des reliques des rois Sakalava a pris fin samedi dernier. Avancée de 4 ans, il aura pris cette année 2004, une tournure plus touristique comme l’a expliqué le prince Magloire Kamamy, maître d’oeuvre de l’organisation du \"bain des reliques\" des rois sakalava. Pour l’occasion, le \"Zomba\" (lieu ou repose les reliques et objest personnels des anciens rois) est flambant neuf et la cour, défrichée. Dans cet espace, comme le veut la coutume, aucun port de chaussures ni de chapeau n’est admis.
Bal populaire et Tsomotro
Etalées sur une semaine, les festivités sont ouvertes, le jeudi 26, par un bal populaire organisé à Belo/Tsiribihy Ce fut une foule immense qui se déhanchait jusqu’au petit matin. Car avant d’étre une féte sacrée, c’est aussi une féte populaire. Le coté tradition se passe, le premier soir (Tsomotro), dans le zomba. La famille royale et les notables chantent et dansent autour d’un feu. Ils préviennent les rois défunts mais les appellent aussi à se manifester en eux, pendant le \"Fitampoha\".
Vendredi 27, ouverture officielle . Les Sakalava du Menabe sont présents, quelques autorités et des touristes. Le prince Magloire Kamamy, maître de cérémonie, suscite quelques divergences , mais la princesse régnante Georgette préside les festivités. 9 h 45 : Discours, sacrifice de zébus, danses, bénédictions se suivent. Tout est fait pour rendre l’évènement solennel et spirituel et non seulement traditionnel. Oubliées les discordes entre les Sakalava du Menabe et entre chacun. Tout le monde est là pour rendre hommage aux rois.
Petit regret pourtant, l’affluence se fait attendre. La plupart des habitants de Belo ne font que passer et eter un coup d’ ?il. Non parce qu’ils ne se sentent pas concernés mais parce qu’ils sont blasés. La grande famille des Sakalava du Menabe n’est guère au complet. Les autorités ont, eux aussi, boudé l’évènement. Est-ce dû à l’état des routes ? Le Fid a pourtant réhabilité la route entre Belo et Ampasy, le chemin des \"Dady\" ou reliques royales, \"une médiation entre le monde des Vivants et le monde des Ancétres\" selon le prince Kamamy.
Charme et beauté
Pour l’occasion le \"lambahoany\" ou pareo est de rigueur. Les femmes se sont parées de leurs plus beaux bijoux et coiffées de \"dokodoko\". La famille royale et sa suite sont tous en lambahoany rouge, les porteurs aussi.14 h 20 : C’est le départ pour Ampasy, le haut lieu des rites. Le cortège composé de 43 personnes est suivi de près par des femmes qui chantent et dansent. L’affluence devient plus importante, les curieux se précipitent, les photographes courent dans tous les sens .
Un colosse qui pointe sa lance d’un air menaçan, ouvre le cortège. Les 10 porteurs de reliques, la princesse Georgette, sa suite, les \"sazoka\" (les femmes qui seront habitées par les esprits des rois), celles qui portent les affaires sacrées se suivent à la queue leu leu. Le trajet vers Ampasy s’effectue au rythme des tambours \"hazolahy\". A divers moments, on revient sur ses pas, décrit des cercles ou s’arréte pour avancer de nouveau. Les \"Dady\" bien installées dans leurs reliquaires se dirigent vers le Tsiribihina sur le dos de ces hommes exceptionnels. Car les porteurs sont choisis selon des critères précis. Il leur d’abord descendre du lignage matrimonial des rois et leur sang ne doit pas avoir été souillé par une morsure ou tout objet tranchant.
A Ampasy
17 h : Arrivée à Ampasy. L’endroit est très beau : la plage au bord du Tsiribihina, les stands installés pour l’occasion, le soleil couchant projette ses rayons sur les porteurs. Les reliques sont arrivées à destination. A partir de ce jour et ce, jusqu’au vendredi 3 septembre, Ampasy sera un endroit sacré.
Toutes les festivités se dérouleront uniquement dans ce cadre magnifique. Danses traditionnelles, chants, moraingy, cabaret sont au programme. L’entraide et les dons divers ont contribué à la réussite du \"Fitampoha\". Avec des mais. Le prince Magloire Kamamy a souligné les promeses non tenues Comme un fonds promis par le ministère de la Culture ou l’électrification du site d’Ampasy.
Des colères sont notées au niveau de certains notables. Selon eux, la tradition n’est pas assez respectée. C’est devenu plus un spectacle qu’un rituel sacré. Ils déplorent \"un aspect business qui saute aux yeux\". Un homme n’hésite pas à rappeler à l’ordre. Il critique le port de pantalon sous le lambahoany. Ces petits détails qnuisent au charme du Fitampoha et à la tradition.
17 h 15 : Le cortège fatigue, la foule s’impatiente, les tensions montent en attendant l’installation du \"Rivotse\" où seront déposées les reliques et qui renfermeront tout ce que le \"Zomba\" contenait. La population se retire vers Belo par canot, vedette ou à pied (environ une heure de marche). Sur place resteront la famille royale, quelques jeunes préts à faire la féte et les porteurs.
Ces derniers sont à partir d’aujourd’hui des hommes d’honneur. Leur dos ne devra plus étre souillé par un enfant, une femme ou tout autre objet jugé profane.
VALABE
Ce jeudi 2 septembre a lieu le Valabe, célèbre pour son caractère de lbération des moeurs. A l’origine, il servait à rétablir l’égalité au sein de la population. Il n’y avait plus nobles, roturiers, ou esclaves. Tout peut étre dit ou fait. Mais en vue d’étre amélioré et prendre ainsi le lendemain (jour du bain) un nouveau départ. Mais aujourd’hui, il est pris à la lettre : tout est permis ! Une femme, méme mariée, n’a pas le droit de refuser une \"invitation\". Lors de la dernière édition, le Valabe s’est terminé dans des rafales de balles, racontent des habitués.
Certaines personnes finissent par en oublier le pourquoi du Fitampoha. Ce n’est pas l’occasion de prendre des libertés. Il représente un nouveau départ sous la bénédiction des rois défunts. Les rois à travers les \"Sazoka\" communiquent avec le monde réel pour leur dicter leurs volontés, pour bénir la population et rendre les années suivantes fastes. Mais cet aspect est oublié, reste le coté attrayant de l’évènement. Voire le coté exploitable, c’est-à-dire touristique.
Pourtant très peu d’étrangers furent présents. Ceci dut surtout au manque de communication. Pour une telle manifestation, une année entière est nécessaire pour la rendre célèbre et crédible. Cette édition, elle, n’a bénéficiée que de 3 mois. Pas étonnant que l’affluence soit aussi faible. Selon nos sources, 30 000 personnes étaient attendues. L’objectif économique sera-t-il atteint ?
Il est vrai que le Bain des reliques est un rite que beaucoup de touristes aimeraient voir. Mais pour jouer la carte touristique, le joker restera toujours, le charme des traditions.
Textes et photos de Hents.
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\" La Côte Est en féte \" :
Si sur les Hautes Terres l’heure est au recueillement, ailleurs, c’est la féte. Plus particulièrement dans la province de Toamasina où le premier novembre est un jour pas comme les autres. Il s’agit d’une journée particulière où la grande famille se réunit autour d’une table ou plutôt ? autour d’une bouteille. Du betsabetsa de préférence, rhum artisanal fabriqué à base de jus de canne à sucre et de miel.
C’est l’occasion aussi du souvenir des morts, du bon vieux temps passé avec eux, des joies et des larmes. Il ne faut donc pas s’étonner si, dans le temps, les riches familles font appel à des troupes folkloriques qui sont à méme de reproduire les divers sentiments qu’éprouve chaque membre de l’assistance à travers leurs chansons ou leurs danses.
La coutume n’a pas changé. Sauf que le whisky ou la bière a remplacé le betsa et les stars du moment les groupes folkloriques. Dans la province de Toamasina, des groupes comme Zézé Mahanoro ou Dédé Fenoarivo, les Jean Kely sy Basth ou Oza Gérôme se sont révélés lors des fétes de la Toussaint. La féte commence dès le petit matin. Chaque case met son électrophone à fond, et c’est dans une cacophonie indescriptible que les voisins arrivent, munis de leur bouteille et de tout ce qui est bon à manger : du riz, un morceau de pain, de la viande, du poulet ?
Les femmes sont chargées de la cuisine, les hommes se mettent autour d’une natte et commencent à boire. Les jeunes ne sont pas en reste : les garçons s’essaient au betsa et deviennent de plus en plus audacieux pour draguer les filles. Celles-ci, en quéte de soupirants ou d’amants, ne laissent passer aucune occasion de chanson pour se trémousser à qui mieux mieux jusqu’à n’en plus pouvoir.
Pendant tout ce temps, l’alcool coule à flots. Personne pour faire la morale puisque le curé de la paroisse participe activement, lui aussi, à la féte. Les barrières sont levées : un cousin peut faire la cour à sa cousine et aller plus loin avec elle si elle le veut. Dans l’Ouest malgache, lors du rituel du Fitampoha, on appelle cela le « VALABE » ou le « TSIMANDRIMANDRY » : la nuit, tout le monde dort dans un méme lit et chacun peut s’ébattre avec qui il veut.
Pour cette année, de Mahanoro à Maroantsetra, la Côte Est va vibrer au son de la musique électronique et du basesa. Din Rotsaka à Mahanoro puis à Vatomandry, Toto Mwandjani à Vavatenina et le roi du salegy, Jaojoby, à Toamasina. Ce sera l’occasion pour tout le monde d’oublier pour un moment les vicissitudes de la vie et de s’enivrer à ? mort.
Les statistiques de l’année dernière font état d’une dizaine de morts dans toute la province de Toamasina le jour de la Toussaint. Car, comme à Rio de Janeiro, les coups de couteaux et les coups de machette pleuvent. Jour de joie, la Toussaint peut-étre aussi un jour de drame, pour ne pas dire un jour de malheur. Mais c’est comme ça depuis des années.
