Interview du président de la république
Ravalomanana accable Urfer
De Shangai où il suit la réunion annuelle de la Banque africaine de développement, Marc Ravalomanana commente les actualités nationales. A propos de l’expulsion du père Urfer, il souligne que le gouvernement a pris ses responsabilités contre un religieux qui avait été déjà expulsé de la Tanzanie dans le passé.
Interviewé à Shangai, le président Ravalomanana fait le tour des affaires nationales, comme l'affaire Sylvain Urfer
ou les grèves dans les provinces. Il livre également les résultats de ses multiples rencontres.
• On parle beaucoup de l'expulsion du père jésuite Sylvain Urfer à Madagascar. Pourriez-vous évoquer les raisons de cette mesure ?
- Le ministère de l'Intérieur a pris ses responsabilités, même s'il s'agit d'un religieux. Il a obtenu une annulation de visa de séjour. Il ne faut pas oublier que l'intéressé a déjà été expulsé de la Tanzanie avant sa venue à Madagascar.
• La France, par l'intermédiaire de son ministère des Affaires étrangères a fait part de son "regret" devant cette situation.
- Mais le gouvernement malgache a pris ses responsabilités.
• En province, les grèves persistent alors que les ministres ne descendent pas sur le terrain pour résoudre le problème. Pourquoi ?
- J'ai appelé Madagascar ce matin (ndlr mercredi 16 mai), mais il n'y a plus de grève. Ceux qui ont fait la grève veulent faire savoir qu'ils sont contre la suppression des provinces autonomes et contre la victoire du "Oui" au référendum constitutionnel. Mais cela va changer quand nous allons mettre en place la décentralisation. Les choses vont alors évoluer très rapidement.
“Le père Urfer avait été expulsé de la Tanzanie”
• Pourriez-vous évoquer en substance les retombées de vos nombreuses rencontres à Shangai pour le pays ?
- La Banque africaine pour le développement (Bad) m'a
invité à assister à la cérémonie d'ouverture de son assemblée annuelle. C'est un honneur pour nous de pouvoir y représenter l'Afrique entière. Cela veut dire que nous avons déjà notre place dans le concert international.
Au cours de mon intervention, j'ai également pu partager nos expériences et évoquer les réalités à Madagascar. C'est vrai qu'il existe encore beaucoup de problèmes à résoudre, mais les potentialités sont là et nous allons travailler avec la Bad pour les exploiter.
• Quelles sont les points qu'il faut retenir de votre rencontre avec Donald Kaberuka, président du groupe de la Bad ?
- Nous allons renforcer notre coopération avec la Bad. Elle se dit prête à nous confirmer son aide, et elle va augmenter celle-ci pour Madagascar. Elle va, entre autres, intervenir dans la construction d'infrastructures comme les routes, par exemple.
• Vous avez également rencontré le premier ministre chinois Wen Jiabao.
- C'est exact. J'ai profité de l'invitation de la Bad et de ma présence à Shangai pour rencontrer le premier ministre chinois. Mais cette fois-ci, il s'agit d'une discussion bilatérale. Le premier ministre chinois nous a promis de l'aide pour faire décoller le pays, par l'intermédiaire du Map. La Chine va également nous aider dans plusieurs domaines, entre autres celui des routes et dans le domaine pharmaceutique.
Elle est actuellement en train d'implanter un centre de recherche agricole pour le riz hybride, dans le cadre la Révolution verte. Elle va aussi nous appuyer pour
la construction des infrastructures pour la réunion de 2009. Au niveau du secteur privé, il y a déjà la mise en place de la cimenterie. Dans le domaine de l'énergie, nous avons trouvé des partenaires pour la construction d'un grand barrage hydroélectrique.
“Les grèves cesseront après la décentralisation”
• Quel est le volume d'investissement pour la construction de ce barrage. Qui sont les investisseurs et où est-ce que celui-ci va être construit ?
- C'est un gros investissement. Il va être construit dans l'ouest de l'Ile pour soutenir les industries de cette région.
• Que peut-on attendre de votre rencontre avec Li Ruogu, président de Export-import Bank of China (Exim Bank) ?
- Les Chinois sont en train de chercher la voie de coopération pour la mise en place d'une banque privée à Madagascar.
“Un grand barrage hydroélectrique sera construit à l’Ouest”
• Quelles sont les contreparties de toutes ces aides massives de la part de la Chine ?
- Elle demande la suppression des barrières douanières pour qu'on puisse importer. Les Chinois sont très forts en négociation. Il faut beaucoup de doigté pour négocier avec eux.
• Et que peut-on attendre de votre rencontre avec Juan Daboub, directeur à la Banque mondiale ?
- La Banque mondiale nous a accordé une aide de près de 700 millions de dollars pour la réalisation du Plan d'actions pour Madagascar (Map).
Propos recueillis par
Iloniaina Alain
