Eglise catholique:«Ne piégez pas les électeurs!»

1. xxx ( 12/03/2007 09:46)
Il y a deux semaines, la conférence épiscopale (c’est-à-dire l’assemblée des évêques de l’île) a lancé une sévère mise en garde contre une démarche référendaire conduite à la va-vite. L’Eglise catholique s’est alors élevée contre le fait d’avancer au référendum un texte non compris des électeurs. Hier, sur la radio catholique Don Bosco, le président de la commission Justice et Paix, Mgr Raymond Razakarivony, a exprimé, sous une autre forme les alarmes de l’Eglise alors que les événements se précipitent.

Il a lancé en direction des autorités un appel que l’on peut résumer en deux phrases. D’abord, celle-ci : « Faites que le texte à soumettre aux électeurs soit clair. Qu’il ne comporte aucun piège ». Ensuite, cette autre : « Ne faites pas d’amalgame entre le MAP et la Constitution. Qu’il n’y ait pas d’interférence entre un programme de gouvernement et la loi fondamentale ». La commission Justice et Paix est une instance de l’Eglise catholique formée de religieux et de laïcs, ces derniers étant désignés en raison de leurs compétences particulières. Se penchant sur divers sujets d’actualité, elle fournit des avis de manière à rendre les chrétiens « actifs et vigilants ».

Sur le premier point, le prélat a usé de la métaphore du trou que l’on recouvre d’une brassée d’herbes et qui devient un piège redoutable. On notera qu’en cela, les inquiétudes de l’Eglise rejoignent les préoccupations de beaucoup dans les milieux politiques et de la société civile. En effet, certains trouvent que l’initiative officielle a un aspect hypocrite. Car sous couvert de réformer la Constitution afin de l’adapter aux objectifs du MAP, on semble nourrir d’autres desseins. Comme l’accroissement du pouvoir du chef de l’Etat, la réduction des prérogatives des instances qui pourraient faire ombrage à ce dernier, l’élimination des candidats coriaces à l’élection présidentielle de 2012, la limitation des libertés publiques etc.

Il est vrai qu’au terme du travail de refonte effectué par le comité de révision constitutionnelle, la partie consacrée aux collectivités territoriales décentralisées apparaît pauvre, maigre et décharnée (12 articles sur 160). Ce qui ne justifie pas l’objet même de la consultation qui est de réajuster les structures administratives afin de les rendre plus performantes. On claironne le maintien des institutions de la République, mais en fait, on constate que les prérogatives de l’exécutif ont été accrues au détriment du législatif et du judiciaire.

Sur le second point, on adapte une Constitution dont la vocation est d’être pérenne à un programme qui ne dure que le temps d’un régime. On a d’ailleurs, sous les yeux, un précédent fâcheux : la Constitution de la Deuxième République et la Charte de la Révolution Socialiste en 1975. On se souvient que la Révolution ayant périclité, dès 1980, le régime révolutionnaire engagea un vigoureux virage capitaliste mais fut prisonnier d’une Constitution foncièrement socialiste.

A ce qu’il semble, l’Eglise catholique souhaite qu’on accorde un caractère intemporel à la Constitution et qu’on ne la subordonne pas aux préoccupations personnelles d’un régime. En tout cas actuellement, alors que l’opposition est en pleine débandade et n’arrive pas à unir sa voix ni à hausser le ton, c’est l’Eglise catholique qui est la seule opposition structurée. Elle est l’unique Eglise du FFKM (Conseil Œcuménique des Eglises) qui soit dotée d’un esprit critique et qui ose exprimer ouvertement son opinion. Ce régime à bilan négatif qui se permet de saccager la Constitution ne peut que s’attirer les suspicions de l’Eglise catholique.
répondu par Fiffi le 12/03/2007 14:46
2. Fiffi ( 12/03/2007 14:46)
nalaina avy aiza io ? :roll:
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