http://62.77.60.84/audio/ra/00077107.RM
[P. Sylvain Urfer]
J'étais membre d'une association de la société civile où nous analysions
les problèmes et essayions à la fois de dénoncer ce qui n'allait pas
et en même temps où on proposait les mesures qui permettraient
de restaurer le droit là où il était violé ou malmené.
[Journaliste]
Est-ce que vous avez dénoncé quelque chose de particulier ces derniers temps
[P. Sylvain Urfer]
Oui, oui, des irrégularités lors des élections présidentielles
et également à propos du référendum constitutionnel. Non pas tant
sur le fond du problème mais sur la forme. Le vote a eu lieu avant même
que les gens ne sachent exactement la teneur de ce qui se passait.
Il s'est passé un mois entre le moment où on a connu le texte et le vote,
en pleine période cyclonique. Il y a eu d'ailleurs un cyclone
qui est passé sur l'Ile le jour du scrutin. Bref, les conditions objectives
d'un scrutin de ce genre n'étaient pas réunies. Nous l'avions fait
remarquer.
[Journaliste]
Ce que vous me dites et votre explusion confirment les commentaires
selon lesquels, il y aurait une véritable dérive autoritaire à Madagascar ?
[P. Sylvain Urfer]
Je crois qu'on peut le dire. Oui, je pense que malheureusement le régime
peut être a peur. Et souvent la peur entraine l'autoritarisme.
[Journaliste]
Peur d'une éventuelle insurrection ?
[P. Sylvain Urfer]
Oui parce que parallèlement il y a des soulèvement dans le nord et
dans le sud. Et il y a eu pour la première fois depuis 91
une riposte des forces armées à balles réelles, c'est grave.
[Journaliste]
Est-ce qu'on peut redouter, je ne sais pas, peut être c'est un grand mot,
une guerre civile ?
[P. Sylvain Urfer]
J'ose espérer que çà n'aille pas jusque là. Mais je dois dire
que certain nombre de mes amis malgaches n'excluent pas
cette éventualité. Ce serait un drame pour le pays.
[Journaliste]
On entend souvent parler de famine. Enfin, les nouvelles qui arrive
ici en Europe sont généralement, c'est affolant sur la situation sociale ?
[P. Sylvain Urfer]
Il y a un appauvrissement continue de la population et en parallèle
un enrichissement fantastique d'une minorité au pouvoir économique et
politique. A Madagascar, il y a une certaine pudeur sur ce qui se passe
et qu'on n'aime pas le langage affronté. Mais je pense que
on a aussi intérêt parfois à ce que les choses soient mieux connues,
parce que c'est la condition d'un véritable changement.
Ce qui m'est arrivé est un anecdote dans une histoire. Je souhaite
pour ma part, malgré tout le déplaisir que j'en retire évidemment, que cela
puisse être l'occasion d'une prise de conscience pour que ce pays
se prenne en charge et progresse.
