ROI Oktobra: Interview Gl R.Andriamaholison

1. jefra ( 22/11/2006 21:04)
Tena lavabe, natokana hoan'izay tena mazoto:lol::lol:
Revue de l'Ocean Indien d'Octobre 2006.

Crise de 2002: Le General Richard Andriamaholison aurait opté pour un coup d'etat.

Propos recueillis par Noro Razafïmandimby

R.O.I : Après être intervenu sur le plateau de TV Plus, le général Andrianafidisoa s'est fait rappeler à l'ordre par ses supérieurs et s'est vu infliger 30 jours d'arrêt de rigueur pour avoir enfreint, dit-on, l'obligation de réserve. La hiérarchie militaire a-t-elle eu raison de le sanctionner ?

R.A : En fait, il ne s'agit pas d'obligation de réserve. Les militaires comme les officiers sont des citoyens à part entière. Ils ont le droit de dire ce qu'ils veulent. Toutefois, ils ne peuvent s'exprimer en public que s'ils y ont été autorisés. Un officier est promu général par décret, en conseil des ministres, ce qui sous entend déjà une certaine préoccupation politique de l'exécutif.
Dans ce cas précis, l'officier général a le devoir, selon sa conscience et selon sa formation, de dire ce qui ne va pas dans l'armée. Il a évoqué l'humiliation des soldats fouillés par un civil et en public. Si les dirigeants actuels ont peur, qu'ils démissionnent ! J'emprunterai la conclusion d'Alfred de Vigny, dans son œuvre Servitude et grandeur militaire, que "la seule religion encore possible au sein de la compagnie des frères d'armes est celle de l'honneur". Ainsi, le général Andrianafidisoa avait le devoir de dénoncer les dérives, d'alerter l'opinion et l'exécutif du malaise au sein de l'armée, comme d'autres auraient dû le faire. Il y a effectivement péril en la demeure. Le ministre de la Défense, le général Pétera Behajaina n'aurait pas dû le sanctionner ainsi. Les arrêts de rigueur sont réservés aux jeunes officiers et jeunes militaires. Un arrêt de forteresse aurait été en rapport avec l'aura de ce brillant officier.

R.O.I : Pourquoi après 2002, la hiérarchie militaire du "légitime" comme celle du "légale" n'ont jamais été inquiétées, contrairement à ceux qui n'ont fait qu'exécuter les ordres ?

R.A : En réalité les grands chefs militaires du début de la crise avaient déjà préparé leur sortie. C'est pourquoi au lieu d'être inquiétés ou arrêtés, ils ont été récompensés par des postes ministériels. Or, s'ils avaient pris leurs responsabilités à temps, 2002 se serait déroulé autrement.
Aujourd'hui, nous tergiversons encore sur la date du début de mandat du Président Marc Ravalomanana. Etait-ce le 22 février ou le 6 mai ? Les officiers qui ont donné les ordres ne savaient plus s'ils exécutaient un ordre légal ou un ordre légitime. On peut parler d'une exécution passive. Ils ont ensuite transmis l'ordre aux militaires qui se sont, à leur tour, exécutés sans se poser des questions. Le gouvernement du 22 février 2001 était un gouvernement insurrectionnel. Personne ne savait plus où se donner de la tête. Ainsi, le général Behajaina aurait dû réclamer, pour ne pas dire, exiger la libération de ses hommes impliqués dans le dynamitage de Fatihita. Ces militaires n'ont fait qu'exécuter les ordres du régime Ravalomanana ou du régime Ratsiraka.
Depuis l'indépendance, les forces armées, toutes armes confondues, ont toujours été utilisées par l'exécutif pour satisfaire leur cynisme pour combler leurs lacunes.

R.O.I : Vous soutenez que si les grands chefs militaires de l'époque avaient pris leurs responsabilités, 2002 se serait déroulé autrement. Si vous aviez encore été en activité à cette période, qu'auriez-vous décidé ?

R.A : Un général n'est jamais à la retraite. C'est ce que voulait également dire le général Trajan, empereur des Romains, en affirmant qu'un général se doit de mourir debout. De 1975 à 1977, bien j'aie été en désaccord avec le régime, j'ai approché des officiers, des chefs d'églises -le futur Ffkm- des leaders politiques dont le Président Philibert Tsiranana, le ministre André Resampa, le Président Monja Jaona . Nous avons discuté de ce qu'il fallait faire car le pays se trouvait sur une mauvaise pente. Ainsi, en 2002, si j'avais un poste de commandement ou de responsabilité, j'aurais agi pour éviter le désastre.

R.O.I : C'est-à-dire ?

R. A : Ni l'appel aux réservistes, ni l'appel aux milices n'était légal. Les deux camps ont commis des erreurs. Il y a eu affrontement, il y a eu combat. Il y a eu victoire, il y a eu défaite. Les vaincus devraient accepter leur défaite et s'attendre à expier. C'est le lot de tout affrontement.

R.O.I : Vous sous-entendez qu'il est tout à fait normal s'ils se sont retrouvés en prison ?

R.A : Il est logique que ceux qui sont vaincus subissent la loi du vainqueur. Cela ne signifie toutefois pas que le vainqueur a agi dans la légalité. En politique, il n'y a pas d'amitié mais plutôt des rapports de force.

R.O.I : L'amnistie tant réclamée par une partie de l'opinion n'a donc pas sa raison d'être ?

R.A : Je vais revenir un peu en arrière. Le procès sur l'assassinat du colonel Richard Ratsimandrava, qualifié de procès du siècle mais qui s'est achevé en queue de poisson. A un moment donné, le Directoire militaire a amnistié 290 des 302 prévenus. Membre du Directoire militaire et bien que présent à tous les conseils, je n'étais pas au courant d'une telle décision. J'ai demandé à témoigner à la barre mais le Président Rabemalanto m'a répliqué que la Cour n'était pas autorisée à entendre un ministre et, de surcroît, membre du Directoire militaire. Or l'avant-veille, le lieutenant Vonimbola, membre également du Directoire militaire a été "cuisiné" par ce même tribunal. Tout cela pour dire qu'en politique, il n'y a pas de justice réelle.

R.O.I : Revenons à notre question. Concrètement qu'auriez-vous fait en 2002 pour éviter les affrontements ?

R.A : Plusieurs alternatives s'offraient aux grands chefs militaires. Entre autres, adopter la démarche initiée, en 1991, par le général Désiré Ramakavelo, alors ministre de la Défense, c'est-à-dire réunir quelques chefs militaires et grands leaders politiques pour dégager une issue. Nous avions fait l'économie d'une crise plus grave. Toutefois, il faut reconnaître que la transition à l'instar de celle de 1972 a été chaotique. Personnellement, j'aurais opté pour une autre variante, celle de réunir les grands chefs militaires et de prendre carrément le pouvoir, puis de mettre en place un Directoire militaire ou un Directoire militaro- civil. Cette idée avait déjà fait son chemin, en 2001-2002, dans les rangs des colonels.

R.O.I : Donc vous auriez fait un coup d'Etat ?


R.A : Coup d'Etat est un grand mot. De plus, seuls les bailleurs de fonds ont peur des soi-disant bruits de botte. C'était la voie la plus indiquée pour sauver le pays d'un chaos plus profond. L'armée est le seul corps bien structuré qui quadrille tout le territoire. Il aurait fallu, tout simplement, bien choisir les membres du Directoire militaire. A ce sujet, je voudrais revenir en 1975. Dans la nuit du 11 février, il me revenait en tant que ministre de l'Information d'annoncer l'assassinat du Chef de l'Etat, mais le général Gabriel Ramanantsoa a suggéré que le plus ancien dans le grade le plus élevé le fasse au nom du Directoire militaire. L'élection du Président de cette institution était programmée pour le lendemain. Nous nous sommes entendus que ce poste devrait revenir à l'un des trois officiers membres du gouvernement Ratsimandrava, les commandants Rakotoarijaona, Soja et Andriamaholison. Mais en prenant la parole, le général Gilles Andriamahazo s'est présenté comme étant le Président de ce directoire. De février à juin 1975, nous étions donc 18 Chefs d'Etat collégiaux.

R.O.I : Le 6 mars 2002, le général Jules Mamizara qui venait d'être nommé ministre de la Défense nationale, lança un appel solennel à ses frères d'armes et leur donna "rendez-vous à Ambohitsirohitra le jeudi 7 mars à lOh. Pour la patrie. " Le même jour, le général Ismaël Mounibou lui répliqua, dans une lettre, en ses termes : "Je ne veux pas que la division au niveau des politiques soit transposée dans la grande famille qu'est l'Armée qui doit rester unie et indivisible. En effet, les querelles intestines et politiques sont résolues au lendemain des crises, alors que les divisions de l'armée laissent des traces indélébiles". Apparemment, n'a-t-il pas vu juste puisque jusqu'à maintenant l'armée n'a pas retrouvé son unité ?

R.A : Au risque de vous décevoir, depuis l'indépendance, les forces armées malgaches n'ont jamais été monolithiques. Déjà, par le mode de recrutement des officiers, l'armée est loin d'être monolithique. Nos officiers sont passés :
-soit par Saint-Cyr où ils y étaient admis par concours direct pour les citoyens français d'origine malgache comme les généraux Ramanantsoa Rabetafika, Rabenja, Ratsimandrava, Rakotomanga Mijoro, Andriamaholison et par concours parallèle ouvert aux étrangers (même niveau, mêmes épreuves, mêmes correcteurs), c'est le cas du général Ramakavelo
-soit par l'Ecole militaire inter armes, toujours par voie de concours comme le général Soja
-soit par l'Académie militaire d'Antsirabe comme le général Mounibou.
L'armée étant composée essentiellement d'officiers merina, du moins à ses débuts, le Président Philibert Tsiranana a remédié à la situation en privilégiant les promotions "unité nationale". Ce qui n'a pas manqué de susciter un malaise. Ainsi, Rabetafika, Ratsimandrava, Ratsiraka, et Rajaonarison ont été promus colonels à la même époque alors que le premier était le plus ancien des Saint Cyriens. Il en était de même sous la seconde République. Dans son Livre Rouge, le Président Didier Ratsiraka considérera l'armée comme un pilier de la révolution. Le Chef de l'Etat usera à forte dose de la promotion unité nationale. J'ai appris du Colonel Mampila Jaona alors ministre de la Défense, que le Président Ratsiraka a suspendu ma promotion au
grade de colonel pour y être promu, plus tard, avec les commandants Rakotoarijaona et Soja. L'avènement de la seconde République a sérieusement ébranlé l'unité de l'armée. A cette époque, au sein de l'armée comme dans le civil, on se suspectait, on se méfiait les unes des autres.
Je reviens à 2002. L'appel du général Jules Mamizara était logique et légitime. Il voulait rassembler le maximum d'officiers pour éviter un affrontement entre militaires. Comme on ne peut rien reprocher au général Ismaël Mounibou. Il fallait préserver l'unité de l'armée. Les forces armées sont "le tandroka aron'ny vozona, le fanalahidiny aron'ny alina", bref constituent le dernier rempart. Son attitude est donc tout à son honneur. En réalité, même les querelles politiques n'ont pas été résolues au lendemain de 2002. Tant au sein de l'armée que de la population, la crise est sous jacente. Il suffira d'une étincelle pour que le brasier s'enflamme. Il appartient au Président et à tous les candidats de tenir un langage vrai, conforme aux aspirations du peuple afin de conjurer le mal.

R.O.I : Risque-t-on de retrouver le gros des militaires de l'autre côté si le vent tourne comme en 2002 ?

R.A : Je ne le pense pas ! Chat échaudé, dit-on, craint l'eau chaude. Si le dessein des événements se répète, les événements par contre ne se répètent jamais. "Chaque époque a son esprit, ses plaisirs et ses mœurs" comme le disait Pascal. Les forces armées de 2006 ne sont plus identiques à celles de 2001-2002, même si on y retrouve les mêmes hommes. Néanmoins, le pouvoir devrait arrêter de diaboliser l'armée et de l'utiliser à des fins politiques. Tout au long de mon expérience d'officier de gendarmerie, j'ai été souvent utilisé par l'exécutif à des "fins non gendarmiques". En 1971, lors de la rébellion du Sud, j'ai été désigné commandant du secteur opérationnel du Sud. Le Président Tsiranana via le Colonel Ratsimandrava avait ordonné le maintien et le rétablissement de l'ordre. Cela cadrait bien avec les missions de la gendarmerie. L'armée dans son ensemble est pour la patrie, la gendarmerie nationale pour la patrie et la loi. Sur terrain, je découvre une guerre civile. Je demande au Capitaine Rasamoelina le renfort de la compagnie parachutiste de l'armée. Il me répliqua : "l'ordre que j'ai reçu n'est pas de participer à l'opération mais de t'aider sur le plan logistique". Je me suis senti piégé. J'en ai avisé mon supérieur qui en a informé le Chef de l'Etat. Mais, celui-ci n'en fit aucun commentaire. Pire, le Chef d'Etat major particulier du Président de la République, le général Bocchino s'est permis - à mon insu et en pleine émeute - de désarmer mes hommes, de Betroka à Fort Dauphin, en arguant que tout était fini. Je n'ai pu l'intercepter qu'à Tsihombe. J'ai rendu compte au Président qui apparemment n'était pas au courant des agissements de son bras droit. En fait, la France avait déjà lâché le Président Tsiranana. Je me suis donc retrouvé au centre d'un enjeu politique qui me dépassait.
Toujours dans le Sud, le Colonel Ratsimandrava m'envoya un message m'enjoignant de rejoindre la capitale. Le régime venait d'arrêter André Resampa, Vice Président du gouvernement et non moins Secrétaire Général du Psd, le parti au pouvoir. Il a été accusé de complot avec une puissance étrangère, la Cia. Le Président découvrira que la pièce versée au dossier impliquant le numéro deux du pays n'était qu'un fallacieux montage. Et pour sauver la face, on a créé la fameuse Commission d'enquête qui avait pour mission de rassembler le maximum d'éléments afin de "coincer" Resampa. J'étais désigné pour en faire partie. Les missions qui m'étaient assignées par le Président n'entraient guère dans mes attributions de gendarme comme violer des sépultures à Antsahadinta ou fouiller un lac sacré, du côté de Brickaville, où les opposants auraient caché des armes. J'ai refusé ces missions et bien d'autres.
A cette époque à part la rébellion dans le Sud, Antsiranana, Mahajanga, Antananarivo étaient le théâtre de manifestations. Le 13 niai 1972, alors que la capitale était à feu et à sang, le Chef de l'Etat a mis en place le gouvernorat militaire de la Place de Tana dont j'étais membre. Il voulait à cette époque donner le pouvoir au général Andriamahazo. Celui-ci semble-t-il n'a pas su saisir la balle au rebond. C'est toute une autre histoire !
Tout cela pour vous dire qu'en 2001-2002, les forces armées ont été manipulées par les deux protagonistes. Le Président Ratsiraka comme le Président Ravalomanana sont co-responsables de la crise. Si maintenant des personnes qui se disent opposants, et non de l'opposition - car il n'y a jamais eu d'opposition structurée mais plutôt des opposants circonstanciels - réclament aujourd'hui l'amnistie, c'est qu'elles savent que ces civils et ces militaires ont été victimes des aberrations des deux parties.

R.O.I : Depuis 1975, l'armée a pris goût au pouvoir. Pourquoi en plus d'un quart de siècle, Madagascar a-t-il du mal à se défaire de ce singulier tête à tête entre l'armée et la politique
R.A : Cela a débuté sous le régime du Président Tsiranana. Ce n'est ni aujourd' hui, ni demain que les militaires quitteront le pouvoir ou la scène politique. La prise de pouvoir par l'armée n'est pas un scénario utopique, encore moins à écarter. Jusqu'à présent, on a fait appel à l'armée lorsque le pays était au bord du gouffre. Maintenant, dans cette culture politique de l'armée, les militaires ne vont plus se contenter de jouer uniquement le rôle de pompier. A preuve, le général Andrianafidisoa se présente à la présidentielle. Il ne sera certainement pas le seul. Le soldat, en tant que citoyen à part entière et en tant que fonctionnaire, peut remplir une mission civile que militaire.
R.O.I : Pourquoi n'osons-nous pas à l'image de bien des démocraties, nommer un civil à la tête du ministère de la Défense ?
R.A : Ce n'est pas un choix délibéré mais plutôt un choix consacré par l'usage. Madagascar a opté pour une variante qui ne nous a guère avantagés avec l'esprit de clocher au sein de l'armée. Entre des officiers de même corps et à plus forte raison lorsque le ministre est issu d'une autre arme. Jusqu'à maintenant, pour temporiser la situation, si le ministre de la Défense est un béret rouge, son secrétaire général est un gendarme et vice versa. Personnellement, je suis pour un civil à la tête du ministère de la Défense. D'ailleurs, si le candidat que je soutiendrai est élu, je le conseillerai de nommer un civil comme ministre de la Défense.
R.O.I : Madagascar a beau être un Etat laïc mais l'Eglise n'a jamais autant flirté avec le pouvoir, au point de filer le grand amour. Ce qui est inédit, du moins depuis l'indépendance de la Grande Ile. En déposant son dossier de candidature, le Président Marc Ravalomanana a déclaré "l'église constitue ma première équipe". Doit-on s'en inquiéter surtout que le 29 mars 2005, il a manifesté publiquement son intention de recourir à la théocratie pour gouverner le pays ?
R.A : Bien sûr qu'il faut s'en inquiéter ! Mais, je ne pense pas que les Chefs d'Eglise et les grands prélats se laisseront manipuler ainsi. Ils n'iront pas compromettre leur grande et permanente mission pour des visions de politiciens. Le peuple a besoin d'une forme de continuité symbolique et supérieure pour veiller à la permanence des choses sans laquelle il ne pourrait y avoir de "fanjakana" c'est-à-dire d'Etat. La racine du mot "fanjakana" n'est pas "zaka", qui signifie puissance et pouvoir, mais plutôt "jaka", qui désigne la viande sacrificielle ou tout ce qui est sacré. Donc parler de laïcité ou de laïcisme est un faux problème. Si le laïc n'est ni ecclésiastique, ni religieux, si le clerc est celui qui est entré dans l'état ecclésiastique et se consacre au service d'une église, si la religion est l'ensemble des dogmes, le rapport de l'homme et du sacré n'a rien à voir avec le problème de laïcité. Le Malgache pratique sa religion, c'est-à-dire l'animisme, tel que Socrate l'a défini, voire un ensemble de rites. Vouloir gouverner le pays par la théocratie est encore une illumination. Le terme "hiérocratie" - qui signifie le pouvoir du sacré par lui-même - conviendrait plus à Madagascar. Tente-t-on de mettre en place une théocratie ou plutôt une monarchie ? On ne peut que se le demander avec ses réunions d'Andriana, comme celle d'Ambohimalaza récemment. Je vais emprunter une expression de Pascal Chaigneau : "A Madagascar, ce sont surtout des critères locatifs et non des critères raciaux qui prévalent". Ainsi, parler de castes ou de races c'est méconnaître l'origine exacte des Malgaches. D'ailleurs, jusqu'à maintenant, nous nous posons encore des questions sur nos origines. Sommes-nous des Vazimba, des Juifs ou des Arabes ? D'où venons-nous en réalité ?
Aujourd'hui, personne ne peut dire qui est noble, qui est prince et qui peut prétendre au trône pour devenir Roi.

R.O.I : Le pouvoir promet des élections libres, transparentes et sincères. Est-ce une promesse en l'air ou pensez-vous que toutes les mesures ont été prises pour que les résultats ne soient pas contestés comme en 2001 ?

R.A : Affirmer plusieurs mois à l'avance que la présidentielle du 3 décembre sera libre, transparente et sincère, c'est aller un peu trop vite à la besogne. Pourquoi les bailleurs de fonds et même le Ffkm ainsi que des grands partis comme l'Avi et le Mfm ont tous demandé une refonte du Code électoral : bulletin unique, conseil national électoral indépendant, etc ? C'est justement pour que les élections se déroulent avec des risques limités de dérapage. Nous savons que rien n'a été fait dans ce sens. Tout peut donc arriver

R.O.I : Pour certains observateurs, les jeux sont faits. Le scrutin du 3 décembre prochain parait gagné d'avance pour le Président en exercice. D'ailleurs quelques uns de ses partisans scandent déjà : "un quart de tour dia vita". Etes-vous du même avis ?

R.A : Ne prenons pas pour argent comptant toutes les élucubrations des unes et des autres. Quelque fois, et c'est de bonne guerre, on lance des idées pour sonder l'opinion mais également les adversaires. Mais, il ne faut pas se tromper sur la pensée malgache et la mentalité malgache. Ce n'est pas parce que les Malgaches disent "oui" qu'ils pensent vraiment "oui". Je vais vous raconter une anecdote sur le général Gabriel Ramanantsoa. En 1973, il était en tournée à Mahajanga. Comme pour toutes les sorties du Chef de l'Etat dans la Grande Ile, c'était l'apothéose avec un bain de foule en prime. Le général était tout content. Il était persuadé qu'il terminerait sans problème ses cinq ans et qu'il se pourrait même que ce mandat soit insuffisant. A l'époque, j'avais envoyé mes hommes dans la foule. On n'en revenait pas. Alors que les gens applaudissaient, ils lançaient en même temps des menaces et des insultes. Lorsque je fis écouter au général Ramanantsoa la bande sonore, il était très furieux. En fait, c'était déjà le début de la fin. C'était un signe avant coureur d'une crise qui allait conduire à la chute de Ramanantsoa.
Théoriquement, le Président sortant a toutes les chances de gagner. Le rejet par son entourage du toilettage du code électoral, du bulletin unique, de la suppression des ordonnances traduit bien des choses, pour ne pas dire des intentions inavouées et inavouables. Pour les hommes du Président, tous les autres candidats ne feront pas le poids face à Marc Ravalomanana. Et, pourtant au moins quatre outsiders sont en mesure de lui barrer la route. Dire qu'il remportera la victoire "au quart de tour"ou au "premier tour", c'est faire un bien mauvais calcul. Pour être "bien élu", il faut aller au second tour. Le Président français Jacques Chirac, à la dernière présidentielle avait récolté moins de 25% des voix au premier tour, au second tour il plafonna à 75%

R.O.I : "Un plafond des dépenses n'est pas exigé, je ne vais pas m'en priver". De telle déclaration ne va-t-elle pas à l'encontre de la mora-lisation de la campagne électorale tant réclamée par la société civile ?

R.A : Comme le financement des partis ne fait l'objet d'aucune réglementation et comme le code électoral n'a pas été révisé, c'est son droit. A travers de tels propos, ce candidat a certainement voulu faire une démonstration de force, dans le seul but de pousser certains de ses adversaires à se désister. Par les temps qui courent, tenir un tel langage est une insulte à la misère dans laquelle se débat la grande majorité des Malgaches.

R.O.I : Notre pratique politique est pervertie, l'éthique politique demeure un principe inconnu de nos politiciens. La politique est une opportunité pour s'enrichir et une fois au pouvoir on a tendance à se servir que servir. La remarque est valable pour tous nos hommes politiques sans exception. Que faire pour revaloriser la politique ?

R.A : De 1975 à 2006, à l'exception de la parenthèse du Président Albert Zafy, le peuple malgache a vécu sous la triple emprise de la terreur, de l'absurde et du mensonge. Les "trois V" de la première République se sont amplifiés.
A Madagascar, il n'y a ni éthique, ni moralité parce que nos décideurs politiques vivent et raisonnent en dehors de la culture malgache. Les fonctions majeures de la culture sont, non pas le "kolontsaina" mais le "tontolo iainana sy ny tontolom-piainana". Ce qui revient à dire que la culture est constituée de tous les modèles d'action pratique et symbolique qu'une population utilise pour sa survie et son bien être matériel et moral. Tant que nous n'observons pas les concepts socio-philosophiques tirés de notre malagasité (fihavanana, aina, hena-maso, ny fanahy no olona, ny hasina...). Tant que nous ne recouvrerons pas notre souveraineté malgache et notre authenticité, nous n'arriverons jamais à trouver la "sortie de secours". C'est une des conditions de l'adhésion rationnelle et passionnelle de la population, vrai point de départ de son développement et de son épanouissement. Pour vivre en démocratie et en liberté, le peuple doit arriver à une certaine maîtrise de soi en insistant sur la valeur du travail, en désapprenant la peur et en osant dire haut et fort à tous ceux qui l'exploitent : "descendez de mes épaules et enlevez vos mains de mes poches".

R.O.I : Si le candidat que vous allez soutenir remporte la victoire et qu'il vous sollicite, accepterez-vous un poste et quelles seraient vos conditions ?

R.A : Je ne postule pour aucun poste. Avec le Colonel Richard Ratsimandrava, de 1972 à 1975, nous étions prêts à prendre le pouvoir. Dieu et les ancêtres en ont voulu autrement. Toutefois, si on a besoin de moi, je suis là. J'emprunterai la fameuse phrase de mon vénérable ancien, le colonel Richard Ratsimandrava "tsy hia-mboho adidy aho...

R.O.I : Autrement dit, si on besoin de vous pour un poste de Premier ministre ou de ministre, vous accepterez ?

R.A. : Non, je préférerai conseiller. Je n'accepterai aucun poste politique. Je ne serai membre d'aucun gouvernement, sauf en cas de nécessité impérieuse exigée par le peuple.

Propos recueillis par Noro Razafïmandimby

novalian'i Fiffi ny 25/11/2006 07:58
2. Robert ( 22/11/2006 22:19)
Misaotra ....

Lava loatra ilay izy eee..
3. Fiffi ( 22/11/2006 22:38)
O ! ry jefra aahh ! tsy nahita fohifohy mihintsy ve enao eh ? tena lava beeeeeeeeee le izy an !
4. Lejim ( 23/11/2006 05:31)
=D=D=D ho an' i General Richard Andriamaholison. Riche sady fort be ny idee. Chapeau zah!
Neutre be koa lery!
Mankasitraka ry Jefra, sady mba manome notion betsaka mikasika ny histoire de la vie politique Malgache izy io! misaotra e
5. jefra ( 23/11/2006 09:14)
Robert,Fiffi >> Dia efa nampiomana ange aho e! Izaho ve efa nividy ny revue, nanao saisie sy mise en page, d mbola tadiavinareo handravona ihany koa. D tena miandry hofahanana ange nareo izany e :roll:

Raha atao matotra kokoa ny resaka: Natahotra aho hoe sao ny fijeriko no mahazo bahana, na sao manova resaka, raha nanao famintinana. Efa vitan'ny scanner ihany ny saisie dia naleoko nalefa bontolo.

Lejim >>Mahafaly ny mahita hoe mba nisy iray nahita tsirony izany farafahalikamatiny :lol::lol:
6. mandrindra ( 23/11/2006 11:12)
misaotra an'i jefra nizara

marina ny famintinana ataon'i lejim, nefa mampieritreritra ihany hoe aiza ny mety ho lalan'i madagasikara raha toa ka mihakatra tampoka eo ny mari-pana, hanao inona ny miaramila?
7. ds ( 23/11/2006 12:55)
Mankasitraka jefra a !
Itony tsinona tsy hita any amina rohy ka aleo avoaka iray manontolo. Izay tsy te-hamaky dia mandingana fotsiny...
8. Samoana ( 23/11/2006 15:23)
Misaotra jefra. Tsy lava izany ilay lahatsoratra raha vao tafiditra mamaky fotsiny.
Misaotra an-dRajeneraly akaman-dRatsimandrava fa niverina niaina ny tantara miaraka @ analyse feno fampianarana izahay e ! =D
9. prime ( 24/11/2006 12:51)
=D=D=D jefra...
10. Fiffi ( 25/11/2006 07:58)
jefra: tsy ho fafana kosa fa nila fotoana namakiana azy koh !
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